Page 22 - LE CHARMEUR DE LA BOURSE
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16 | Avant-Propos

mon partenaire avait volé ; mais j’espérais en vain. Avec une certaine
indifférence, ils remplirent les formulaires de plainte, me firent signer une
déclaration, et me renvoyèrent. Trois ans plus tard, quand j’ai décidé de
porter plainte contre le département de police qui traitait mon dossier,
un enquêteur m’a appelé et menacé de m’accuser de délation si je ne
retirais pas mes accusations. Il était assez clair que les impôts que j’avais
payés durant des années ne me protégeaient en rien.

   La spirale infernale n’a pas cessé. Durant les premiers temps, les
banques m’envoyaient des demandes de paiement aimables. Ensuite,
des avocats envoyèrent des lettres, disons, moins polies.

   Ils voulaient plus d’argent, et ils le voulaient tout de suite. Ils
commençaient aussi à menacer de clore mes comptes, tout en aggravant
ma situation avec plus d’amendes, de commissions, et des intérêts aux
taux du marché gris. En moins d’un an, la somme d’environ un demi-
million de dollars se gonfla à un million. Que faire ?  Comment couvrir
cette dette ? Et pour la maison et l’assurance-vie ? Comment rembourser
l’intérêt s’il file à la vitesse d’une Ferrari Turbo ?

   La plupart des gens qui se retrouvent à ce stade se déclarent en
banqueroute, tendent la main, désespérés, et disparaissent du marché.
Aujourd’hui, je les comprends. Peu d’entre eux ont repris une activité
commerciale. Mais je n’ai jamais fait partie de la masse. J’ai préféré suivre
le conseil d’un avocat qui m’a confié l’une des plus belles perles de sagesse
que j’ai entendu jusqu’ici : « Ne cherche pas la protection d’une Cour
de Justice. Ne nie pas les dettes. Admets qu’elles existent, parle avec les
débiteurs, trouve un arrangement, et rembourse-les ! »

   J’ai suivi son conseil. Les banques m’ont donné un peu d’espace pour
respirer, ont réduit les dettes et intérêts, et m’ont laissé une marge de
manœuvre, espérant que je rembourserai ma dette. C’est tout ce dont
j’avais besoin. Plutôt que de pleurer sur mon sort amer, j’ai retrouvé une
immense motivation grâce à cette flexibilité nouvelle, et je suis retourné
vers le business pour prendre mon futur en main.
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